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Critique

Naturel, de Jérémy Demay : Léger et amusant

Le spectacle Naturel, de Jérémy Demay

L’honneur de Jérémy Demay est sauf! L’humoriste a tellement déplacé d’air lors de son court passage à Big Brother Célébrités, en début d’hiver, qu’on aurait pu craindre que sa réputation n’en souffre et que l’achalandage dans ses salles n’en soit affecté. Idem pour les publicités de Meubles RD, avouons-le, redondantes à la télé. Mais l’Olympia, où l’artiste baptisait son troisième spectacle, Naturel, en première montréalaise, mercredi soir, nous a bien prouvé le contraire. Le public, avec lequel Jérémy interagit tout au long de sa prestation, en redemandait.

Il n’est d’ailleurs aucunement question de la téléréalité de Noovo dans ce nouvel opus de Jérémy Demay, où celui-ci apparaît en grande forme, inspiré, parfois très intelligent et d’autres fois ridiculement léger, un tantinet vulgaire, mais efficace. Toujours, Demay mise sur ses forces d’improvisateur avec les gens pour se donner de l’élan, ce qu’il fait bien. Naturel se rapproche davantage de Ça arrête pu d’bien aller!, son premier effort, lancé en 2013, qui nous faisait découvrir son grand talent d’orateur, que de Vivant, une proposition plus « adulescente » sortie en 2017, dont la première avait eu lieu le 18 octobre… jour du dévoilement des scandales d’inconduite d’Éric Salvail. Difficile de jouer encore plus de malchance! Le Jérémy Demay de Naturel se montre plus mature (avec des touches juvéniles bien dosées) et habile observateur.

Cette fois, en lieu et place d’un collègue comique en première partie, Jérémy Demay invite plutôt le groupe Carignan à violoner des airs connus à sonorité trad donnant envie de taper du pied pendant que le public s'installe. Et la vedette s’offre ensuite une entrée en piste façon rock star, dansant et sautillant, ordonnant aux gens de se lever et de balancer haut les bras. Pour le reste, visuellement, Naturel ne repose sur aucune mise en scène particulière, de larges rayons lumineux faisant office de décor.

Jérémy discourt un instant sur les différentes entre Français et Québécois (à notre avantage), pose quelques questions aux spectateurs – visiblement l’un de ses dadas – sans toutefois s’y éterniser, décrétant que la moitié des Raynald de la province sont à la retraite et que « la matante est au Québec ce que le frisson est au mamelon : indispensable ». Faut lui donner, Demay maîtrise l’art de l’image, procédé qu’il utilise abondamment.

La première partie de Naturel – dont l’affiche exhibe un Jérémy nu, de dos, en plein saut vers l’eau, image qui donne le ton à l’authenticité qui se dégage de l’ensemble – parle de nos masques sociaux, de ce besoin que nous avons tous de prouver que nous sommes de « bonnes personnes », malgré nos inévitables qualités et défauts, qui qu’on soit. « En chacun de nous réside un petit vendeur d’assurances crosseur », statue-t-il. On doute que Joël Legendre appréciera que Jérémy Demay ramène sur le tapis ses petits incidents au parc, mais c’est pour une bonne cause : notre « grand six pieds » explique comment Joël, alias la voix d’Aladin au cinéma, lui semblait parfait, « lisse, lisse, lisse » avant son faux pas. « Aladin a voulu se frotter la lampe, mais c’était pas une idée de génie! »

Après quoi, on s’égare dans les chemins un peu plus futiles que Jérémy maîtrise très bien. Sur l’importance de sortir de sa zone de confort, notre homme s’aventure creux en bas de la ceinture (pensez fellation) et poursuit dans cette veine en abordant la notion de virilité et le pipi debout ou assis, avant d’imiter (avec un certain brio) son chat.

Le mariage est-il une prétention essentiellement féminine ou masculine? Demay a son opinion là-dessus, qu’il nous détaille avant de nous annoncer que lui-même a demandé la main de sa douce. Le récit de la proposition est adorable et touchant. La table est alors mise pour traiter de sa paternité de deux fillettes, à qui il souhaite inculquer, raconte-t-il, la notion d’imperfection et de vérité. Il est aussi question du Pacini, des influenceurs et d’autres banalités que Jérémy Demay s’approprie dans son style bien à lui. Pas absurde, pas engagé, pas intello, mais amusant et, surtout, personnel.

Jérémy Demay présente Naturel en tournée partout au Québec et reviendra à Montréal, en supplémentaire, le 27 mai. 25 000 billets ont déjà été vendus. Pour toutes les dates, on consulte son site officiel.

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