Pas que nous nous attendions à passer une mauvaise soirée, au contraire. Marc Dupré, autant quand il fait dans l'imitation que dans la chanson, a toujours livré des spectacles hautement divertissants, mais nous n'étions pas prêts à être aussi épatés par cet amalgame de musique et de blagues qu'est Ben voyons donc. Le titre est donc excessivement bien choisi.
Même si Marc Dupré aimait bien glisser quelques anecdotes ici et là dans ses concerts, cela ne faisait pas de lui un humoriste. On s'attendait à un type d'humour bien gentil de sa part, mais d'emblée, l'artiste prévient son public : il souhaite présenter une facette différente de celle du « bon gars de La voix » que tout le monde connaît. Le chanteur de charme peut-il être grinçant et grivois? Eh bien, oui. Ben voyons donc.
Il lance son nouveau spectacle en chialant allègrement sur différents sujets qui l'exaspèrent. Déjà, il met la table avec un ton moins docile que l'image que nous avons de lui. Si son public est composé principalement de femmes, plusieurs hommes dans la salle accompagnent leur dame dans l'espoir, dit-il, d'avoir des rapprochements à leur retour à la maison. « Vous allez peut-être en avoir, mais elles vont penser à moi par exemple », lance le nouveau, un brin arrogant, Marc Dupré. Ben voyons donc.
Les différents blocs de chansons sont introduits par des anecdotes sur certains moments charnières de sa vie, comme ses partys de famille ou son premier emploi dans un dépanneur. La moppe comme pied de micro et une Oh Henry! à la main, le jeune Marc s'amusait à imiter les voix des interprètes de radio Rock Détente. À travers ces souvenirs, il nous rappelle son époustouflant talent d'imitateur. Nos coups de coeur : Phil Collins, Corey Hart, Tom Jones et Claude Dubois. Il nous transporte ensuite en 1994, alors qu'il a été projeté sur la scène du Forum en première partie de Céline. Il reproduit ce moment déterminant dans sa carrière, nous épatant à nouveau avec son imitation intemporelle de Mario Pelchat. Il passe ensuite à ses années à La voix pour nous gracier d'une interprétation magistrale de « Une chance qu'on s'a » de Jean-Pierre Ferland, qui, raconte-t-il, ne le reconnaissait jamais d'une journée de tournage à l'autre. Puis, sous la recommandation de sa fille Stella, il a tenté de renouveler son répertoire en imitant la voix d'un jeune artiste. Ainsi, il s'attaque à « Lose Control » de Teddy Swims. Ben voyons donc.
Marc Dupré propose aussi des moments d'improvisation en présentant les trois talentueux musiciens qui l'accompagnent en tournée. Encore là, il nous épate par l'étendue de son répertoire et de son registre vocal. Stella, qui assure (très adroitement!) sa première partie, le rejoint ensuite sur scène et, ensemble, père et fille se lancent dans l'interprétation émouvante de « Sur mon épaule » des Cowboys fringants. Ben voyons donc.
Il conclut son spectacle avec des imitations de son ami Guy A. Lepage et d’Éric Lapointe (« il ne chante plus, il grogne sur du beat »), puis interpréte son succès « Nous sommes les mêmes », de concert avec la foule qui scande les paroles en dansant à corps perdu, prouvant l'effet euphorisant de cette pièce de 2013.
Ce n'est peut-être pas tous les gags de Marc Dupré qui atteignent leur cible ni toutes ses imitations qui décoiffent, mais ce nouveau spectacle s'avère, dans l'ensemble, d'une efficacité redoutable. L'artiste a atteint son pari de jumeler humour et chansons en un tout cohérent et hautement divertissant. « Ben voyons donc que c'est bon de même le show de Marc Dupré 😳 », nous sommes-nous dits en sortant du Capitole samedi soir, le sourire aux lèvres et le coeur léger.