Le premier spectacle de Mona de Grenoble, De la poudre aux yeux, nous arrive avec une recommandation « pour public averti ». Cet avertissement s'avère nécessaire. Pourtant, dans le cadre de la première médiatique à Québec, ce lundi soir, quelques jeunes s'étaient frayé un chemin dans la salle, accompagnés de leurs parents. Leurs oreilles en ont certainement pris un bon coup, dès que la créature sulfureuse est apparue sur scène, spectaculaire dans une robe orangée surmontée d'une énorme perruque rose bonbon.
Je suis la version trash de Sol et Gobelet.
Sous ses atours de reine de la drag, Alexandre Aussant, alias Mona de Grenoble, se permet tout. En se dissimulant derrière une épaisse couche de fard, l'humoriste devient une matante grivoise et lubrique, qui est loin d'avoir la langue de bois. Ce que vous avez vu à la télévision n'est rien. Sur scène, Mona de Grenoble gesticule et piaille, alliant un talent évident de raconteuse à un discours totalement impudique, pour le plus grand bonheur de son public bigarré et conquis d'avance. Elle se permet aussi le petit verre de vin (sans doute de l'eau), qui est dissimulé un peu partout dans son somptueux décor disco chic.
La diversité est au coeur de tous les numéros qui composent ce premier effort sur scène. Exit le lipsync et les changements de costumes. Mona de Grenoble est « une drag qui ne fait pas de la drag », comme elle l'explique elle-même en début de soirée. « Je suis comme un pompier de calendrier », dira-t-elle pour expliquer l'étrangeté de sa proposition; un monologue livré tambour battant, dans un costume de scène qui en intimiderait plus d'un.
Mona de Grenoble nous parle de sa famille qui est à la fondation de ce qu'elle est devenue, de son éveil sexuel avec la bible, de ses parents qui ont beaucoup trop bien accepté sa vocation, des choses qu'elle n'aime pas et des choses qu'elle aime.
Le Spray Net, j'hais ça. En ce moment, je suis tellement inflammable que je suis littéralement une grosse torche.
Le tout est livré avec une telle énergie qu'il est quasi impossible d'y résister. Les rires fusent de toute part lorsque l'hôtesse sonde son public, autant que lorsqu'elle démystifie les identités de genre en les comparant à des sortes de chips. Elle se permet aussi, au passage, d'écorcher plusieurs de ses collègues du milieu artistique, qu'on pense à Guy Nantel, Guillaume Lemay-Thivierge, Josée Boudreault, Jay du Temple et Christine Morency.
Certes, le spectacle De la poudre aux yeux est croustillant à souhait. Mais cette proposition s'avère aussi être une bonne dose de bienveillance, d'ouverture et d'authenticité, qui fait un bien fou. On en ressort le coeur léger, avec l'envie d'afficher nos couleurs. Et juste pour cela, il faut remercier la reine de la soirée, Mona de Grenoble, qui n'a certainement pas fini de nous étonner, si l'on se fie à ce premier tour de piste plus que réussi.