Toruk ne ressemble pas aux spectacles du Cirque du Soleil traditionnels; pas de tableaux, pas de clowns et très peu de numéros de haute voltige. Il raconte le parcours initiatique de deux jeunes Na'Vi du clan des Omaticaya qui s'efforcent de rassembler cinq objets sacrés qui permettront ultimement de convaincre le prédateur ailé Toruk de sauver l'arbre des âmes qui sera, selon une vision de la chef du clan, bientôt enseveli sous la lave.
Les projections sont ici spectaculaires. Elles arrivent à nous transporter dans des univers différents aux quatre coins de la planète Pandora. Qu'on soit dans les airs, à l'intérieur de l'arbre-maison, en plein désert ou dans une forêt luxuriante, nous sommes irrémédiablement secoués par la beauté de ces paysages artificiels. Lorsque le pied de l'arbre-maison (qui sert de corps à l'ensemble du décor) s'ouvre et que les projections nous laissent croire à une chute d'eau ou lorsque la pièce s'obscurcit et que des étoiles apparaissent au plafond et dans les gradins, nous ne pouvons qu'avoir le souffle coupé.
Les costumes sont tout aussi fabuleux que la scénographie. Les artistes se déplacent avec ces combinaisons bleues comme si elles étaient une seconde peau. Chaque clan possède un élément distinctif dans son costume qui permet de le différencier et chacun d'eux apporte une dimension particulière à la trame narrative. Il faut également parler des marionnettistes, vêtus d'un costume de Na'vi complètement noir, comme des ombres flottant dans le décor, qui font un travail extraordinaire. Les mouvements de leurs marionnettes, notamment les loups-vipères aux yeux verts, sont d'une étonnante fluidité et d'une beauté fascinante.
Comme la formule de ce spectacle du Cirque du Soleil n'est pas la même que celle vue dans la plupart des productions antérieures de l'entreprise québécoise, on n'y retrouve pas les acrobaties que nous avions l'habitude d'y voir. Il y a bien quelques chorégraphies plus athlétiques en deuxième partie et certains passages au tissu aérien plutôt impressionnants en amorce, mais pas de haute voltige comme on en a vu par le passé. Certains habitués des représentations du Cirque pourraient être déçus de cette nouvelle mouture plus narrative. Mais comme dans tous bons spectacles du Cirque du Soleil, avec un abandon et une ouverture à l'émerveillement, le plaisir est omniprésent et la satisfaction, une garantie implicite.