On ne peut certainement pas reprocher à Mario Jean son authenticité. Malgré la vague déferlante de nouveaux humoristes qui occupent les salles du Québec, l'humoriste de 59 ans reste fidèle à son style d'antan et aux thématiques qui le touchent et, du même coup, préoccupent son public. Ainsi, le vieillissement est au coeur de son propos.
Avant, pour savoir quel jour c'était, je regardais mon agenda, maintenant, je regarde mon pilulier.
Il amorce ce nouveau spectacle, intitulé Les imparfaits bonheurs... et autres tutti quanti de la vie!, en parlant d'une blessure à la main qui l'a amené aux urgences. Il enchaîne en abordant ses petits bobos, comme ses problèmes de mémoire et de vessie, qui est rendue « comme un téléphone cellulaire : elle ne garde plus sa charge ».
À quelques moments, Mario Jean ose tester les limites du « politically correct » à travers un sarcasme assumé, notamment lorsqu'il lit une lettre que lui aurait envoyé l'enfant, maintenant devenu adulte et en exil, qu'il parrainait à travers Vision mondiale dans les années 90. Sa façon d'aborder la ménopause et l'andropause ainsi que ses impressions face à la parentalité moderne pourraient aussi égratigner quelques cordes sensibles si on se méprenait à le lire au premier degré.
Plutôt que de se créer une bucket list des choses qu'il aimerait accomplir dans la suite de sa vie, l'humoriste énumère plutôt les activités auxquelles il ne souhaite plus s'adonner. Parmi celles-ci : avoir recours à la chirurgie, visiter un camp de nudistes (deux choses qu'il n'a jamais faites, mais qu'il ne désire pas essayer) et parler anglais. Sa façon de traduire textuellement des expressions québécoises dans la langue de Shakespeare s'avère plutôt amusante. « Va chier, mange de la marde : go shit, eat shit ».
Il termine ce 7e one-man-show en s'imaginant ce que pourrait être une relation sexuelle avec un autre homme, chose qu'il expérimenterait, avoue-t-il, si la fin du monde se présentait.
L'humoriste, dans le métier depuis 30 ans, a été accueilli de façon extrêmement chaleureuse à la Salle Albert-Rousseau à Québec mardi soir. Sympathique et candide, il attire d'emblée l'affection du public, qui se retrouve pendu à ses lèvres pendant 90 minutes. Ce nouvel effort scénique de Mario Jean fait-il partie des « imparfaits bonheurs et autres tutti quanti de la vie »? Pour sa génération, certainement. Pour les autres, peut-être pas.