C’est le rendez-vous incontournable de début de soirée du samedi pour environ 1,2 million de téléspectateurs. En direct de l’univers, c’est 14 saisons de musique à heure de grande écoute à ICI Télé, des centaines d’artistes invités heureux au fil des ans, des moments d’émotion inoubliables, des numéros d’une originalité à couper le souffle, une animatrice qu’on voudrait tous avoir comme meilleure amie et des collaborateurs au service d’un concept qui ne s’essouffle pas malgré le passage du temps.
En coulisses, c’est également une véritable ruche, où s’active sans relâche une centaine de petites abeilles extraordinairement vaillantes (entre 110 et 120 personnes, incluant les artistes invités, s’impliquent chaque semaine dans l’émission), qui ont toutes le sourire estampé au visage, trop contentes de contribuer à la création de petits miracles qui marqueront les coeurs, les mémoires et les annales du petit écran québécois.
L’équipe de Showbizz.net a eu l’occasion de se glisser dans le décor d’En direct de l’univers, samedi dernier, alors que Michel Fugain était le jubilaire du jour (revivez son attendrissante réaction ici), pour observer l’incroyable mécanique, le ballet technique et humain chorégraphié au quart de tour et à la perfection, qui s’y déploie tous les week-ends.
Envie d’une visite à votre tour? De connaître chaque détail de l’avant et du pendant ces belles heures touchantes d’En direct de l’univers? Lisez ce qui suit, ça sera comme si vous y étiez aussi!
Le lieu
- C’est dans un immense studio d’un quartier du Sud-Ouest de Montréal, dans un building aux allures industrielles où on n’imaginerait jamais que se crée une telle magie télévisuelle hebdomadaire, qu’En direct de l’univers irradie chaque semaine.
Les invités chanceux!
- Importante question, que plusieurs se posent : comment sont choisis les chanceuses et les chanceux qui ont le privilège d’avoir « leur » édition d’En direct de l’univers? Après tout, plusieurs vedettes rêvent encore et toujours d’en être le coeur un de ces jours! Josée Beaudoin, coproductrice au contenu et sœur de France Beaudoin, qui travaille sur En direct… depuis l’an 2, nous explique la logique derrière cette déchirante sélection.
« Ça nous prend un tableau diversifié. Il y a un ratio de gars, de filles, de comédiens, de chanteurs…. D’âges divers, aussi, parce que l’âge conditionne beaucoup l’univers musical. On a de belles listes, et on sait qu’à un certain moment, ces gens-là, ça sera leur tour. Plusieurs choses sont planifiées d’avance, mais on se garde toujours des trous. Comme, par exemple, Stéphane Fallu, qu’on a invité à sa sortie de "Big Brother". On savait qu’on voulait l’inviter éventuellement, puis, oups, ce timing est arrivé! On a fait son univers en un mois et demi ». Nous vous révélions en primeur ici quelques visages qui seront célébrés à En direct… au début 2023 (et France Beaudoin a du même souffle rassuré ses amis artistes qui trépignent d’envie de vivre cette frénésie!)
- Quand on leur confirme qu’ils s’assoiront dans le désormais mythique fauteuil blanc, les artistes ne savent pas nécessairement à quelle date ils seront convoqués. « Eux nous donnent leurs samedis disponibles, mais il faut aussi voir en fonction de leurs coups de coeur! On essaie d’arrêter la date d’un artiste principal en fonction d’un ou deux de ses coups de coeur. Après, c’est sûr qu’il y a des deuils à chaque semaine, des indisponibilités », détaille Josée Beaudoin.
Le fameux questionnaire…
- Jasons du fameux questionnaire que les invités doivent remplir, et qui sonde les préférences musicales et les personnes importantes dans la vie de nos « hommagés », lesquels ont environ deux ou trois semaines pour remplir le formulaire. Il fait 15-20 pages, compte environ 200 questions… et très rares sont ceux qui ont l’opportunité d’y poser les yeux! Le document sert de canevas de base à l’équipe pour déterminer qui sera jumelé à quelle chanson, dans quel type de numéro. Il n’est pas rare que certains convives esquivent une ou plusieurs questions pour écrire leurs titres favoris en vrac. « On leur demande de répondre aux plus significatives. Mais ça nous prend un embarras du choix. On a toujours plus de stock que moins! », indique Josée Beaudoin.
- Dans le questionnaire, on s’assure d’inclure des questions à réponses obligatoirement francophones (et dans d'autres langues s’il y a lieu). Toujours, la proportion de chansons en français dans l’émission est d’au moins 50%.
- Au questionnaire se jumelle une longue entrevue au téléphone d’à peu près une heure trente, menée par Josée Beaudoin avec l’invité principal. À ce moment, Josée a écouté toutes les pièces musicales nommées dans le compte-rendu. « On recueille les histoires liées aux chansons identifiées. Ça fait des beaux moments au téléphone! Et, souvent, en raccrochant, on sait quels autres artistes inviter. Il y a des noms qui ressortent, des coups de coeur qui sont forts, forts, forts. Évidemment, on travaille sous contraintes, et c’est ce qui fait que la créativité sort. Parfois, il y a des évidences, et parfois, on doit tricoter autrement.» À titre d’exemple d’une « évidence », Josée Beaudoin cite l’exemple de Pier-Luc Funk qui a interprété "Ce soir l’amour est dans tes yeux" à Sandrine Bisson, il y a quelques semaines. « Parce que Sandrine nous a dit que Pier-Luc lui avait donné accès à ça, qu’il regarde les gens dans les yeux, qu’il ne détourne pas le regard. En fait, ce n’est pas tant de trouver des idées que de savoir lire dans le questionnaire... » Observer, écouter et discuter sont les mots d’ordre, comprend-on!
- Une saison d’En direct de l’univers se prépare de longue date : plusieurs invités de la période actuelle ont rempli leur questionnaire l’été dernier, et il n’est pas rare que Josée Beaudoin boucle des entrevues en mai et juin en vue d’une diffusion l’année suivante. En août, une dizaine de dossiers sont complétés. « On n’a pas le choix d’avoir le casse-tête en tête », plaide Josée Beaudoin, faisant ainsi référence, notamment, à la planification de la venue de stars internationales, sur place ou en vidéo. L’équipe de contenu, qui travaille à l’élaboration des différents tableaux, réunit huit personnes, dont des recherchistes (Hubert Lavallée, Karine Perreault, Amélie St-Onge), le réalisateur (Luc Sirois), les metteurs en scène (Julie Boisvert, Benoit Landry), Josée Beaudoin et, bien sûr, France Beaudoin, qui s’investit pleinement à tous les niveaux de l’émission et ne laisse rien au hasard.
Les invités coups de coeur
Autre interrogation qui vous est peut-être déjà passée par la tête : y a-t-il un bassin de chanteurs réguliers associés à En direct de l’univers, qu’on peut appeler pour « dépanner » au besoin? Absolument pas, jure Josée Beaudoin. « On n’appelle jamais quelqu’un qui n’a pas été nommé! », certifie-t-elle. Ainsi, si Brigitte Boisjoli, Jean-François Breau ou Luce Dufault sont souvent allés se produire à l’émission, c’est parce qu’ils avaient été demandés. De même, s’il « adonne » souvent que ces visages-surprises ont une nouveauté à promouvoir au même moment, c’est tout simplement parce que « s’ils sont nommés, c’est parce qu’ils ont beaucoup de projets et sont encore très actifs », constate Josée Beaudoin. On essaie d’espacer les visites d’un même artiste d’une semaine à l’autre mais, comme le fait valoir la productrice au contenu, « on ne veut pas priver quelqu’un de son coup de coeur parce que quelqu’un d’autre l’a nommé une semaine avant! ».
Les répétitions
- Plusieurs heures de répétitions sont évidemment nécessaires pour mener à bien tous les segments qui nous feront chanter, danser, rire aux éclats ou verser une larme de tendresse. Celles-ci sont condensées en deux jours, le vendredi et le samedi. Le vendredi, on procède aux premiers ajustements, à la mise en place des invités, on harmonise les voix en compagnie du directeur musical Jean-Benoit Lasanté, et ce, sans caméras. On enchaîne ainsi trois fois le contenu complet de l’émission. Le lendemain, des membres de l’équipe arrivent aussi tôt qu’à 7 h sur les lieux de travail, et se succèdent ensuite les pratiques devant la caméra jusqu’à la répétition générale de 15 h 45. La répétition générale commence par le deuxième bloc qu'on verra à la télé, jusqu’à la fin, et se termine avec le premier bloc, qui est en fait le pot-pourri d’ouverture. Ainsi, tout est déjà en ordre et installé pour entrer en ondes en direct à 19 h.
- Avant les répétitions formelles, le directeur musical Jean-Benoit Lasanté, les musiciens, la choriste maison Virginie Cummins et sa bande de « koristes » (sous la direction de Jason McNally) ont reçu les partitions, indications et autres formalités à savoir.
- Évidemment, parfois, des imprévus se pointent le bout du nez et France Beaudoin et ses troupes d’En direct de l’univers doivent procéder à des changements de dernière minute. Ce fut le cas la semaine dernière. Nous vous relatons tout ici.
L’arrivée de l’invité
- À 18 h, tout le monde (ou presque!) retient son souffle : l’invité principal s’amène, et ne doit voir sensiblement aucune âme qui vive lors de la marche qui sépare sa voiture de sa loge. Histoire de garder tous les mystères intacts, bien sûr! À l’extérieur, un agent de sécurité posté à la guérite du stationnement avise la production avec un walkie-talkie lorsque la personnalité débarque avec sa voiture. À l’intérieur, on a fermé les rideaux et demandé aux artistes participants de se cacher, d’aller manger ou se faire maquiller et d’éviter tout déplacement pour éviter qu’un secret ne soit éventé. Personne ne doit surtout être dehors en train de fumer ou en train de flâner dans le hall d’entrée du studio! C’est aussi à ce moment que le public (d’une quarantaine de spectateurs, maximum, depuis la pandémie) s’introduit dans le bâtiment, ce qui complexifie encore davantage la délicate opération!
- On entraîne alors le ou la fêté(e) dans une loge très isolée d’un étage supérieur, où il/elle n’entendra rien, ni musique, ni discussion. On lui enlève son cellulaire, question qu’aucun réseau social ne divulgue la moindre information. Une fois qu’on a la certitude que la personne est bien cachée, tous peuvent recommencer à aller et venir à leur guise.
- On pousse la mignonne hypocrisie jusqu’à faire semblant de n’avoir jamais vu les proches qui accompagnent l’invité. L’époux ou l’épouse, les enfants, les amis intimes chanteront plus tard dans l’émission et ont pris part aux répétitions quelques heures plus tôt? Nathalie Breton, la productrice déléguée, va accueillir l’étoile du jour et son entourage comme si de rien n’était, en s’introduisant comme si c’était la première rencontre. Et l’invité n’y voit apparemment toujours que du feu et ne se doute de rien!
- 15 minutes avant le fameux coup de 19 h, on est « stand by »! L’invité descend, le chemin devant lui libre de toute « apparition inopportune ». Personne ne doit lui parler, chacun doit rester campé à sa position, le temps que lui ou elle traverse le « tunnel » guidant au studio. La personne sera dos à la scène quand son minois apparaîtra pour la première fois dans les téléviseurs, derrière un rideau. Puis, est lancée la célébrissime amorce : « À partir de maintenant, vous êtes dans l’univers de…! »
L’animatrice
- Vous trouvez France Beaudoin efficace à l’écran? Elle l’est encore plus que vous croyez. L’animatrice et productrice est même capable de faire une micro-sieste d’une vingtaine de minutes avant de passer au maquillage et à la coiffure, dans l’heure et demi qui précède l’entrée en ondes. Évidemment, rien n’y paraîtra à la caméra.
- Enfin, vous trouvez France Beaudoin souriante, gentille, généreuse, affable? C’est tout à fait le cas. La dame prend le temps d’aller saluer l’assistance avant que ne s’allument les projecteurs, de parler longuement aux gens et leur assigne un ordre formel : amusez-vous! À plusieurs reprises pendant l’enregistrement, elle se retournera vers le public enthousiaste (bien réchauffé par l’animatrice de foule Charlotte Gobeil), son légendaire sourire aux lèvres, pour mesurer le plaisir ambiant. Qui n'est jamais feint, pouvons-nous témoigner sans la moindre hésitation.