À l’aube de ses 49 ans, qu’elle célébrera à l’automne, Julie Bélanger s’offre un cadeau bien particulier : celui d’une thérapie à coeur ouvert avec le public. Dans la série documentaire Imparfaite, l’animatrice aborde sans filtre sujets tabous et thématiques de santé mentale, dont plusieurs la touchent personnellement, en discutant avec des artistes au cheminement semblable. Et ses petites jasettes suscitent inévitablement la réflexion sur nos propres « bibittes »!
En toute authenticité, doit-on ajouter. Oui, le mot est à la mode, voire galvaudé, mais il s’applique parfaitement (sans mauvais jeu de mots) à Imparfaite. Ne doit-on pas obligatoirement se mettre à nu lorsqu’on échange, en partant de son expérience personnelle, sur la dépression (avec José Gaudet), le deuil de la maternité (avec Geneviève Brouillette), assumer sa place comme femme (Rosalie Vaillancourt), le nouveau départ après une épreuve (Maripier Morin et Dominique Bertrand), le pardon (Mélanie Maynard), la thérapie et l’amitié (Ingrid Falaise), l’amour de soi (Michel Charette et Gabrielle Boulianne-Tremblay) et la vieillesse paisible (Shirley Théroux, Edith Butler et Judi Richards)? Tant qu’à en parler, parlons-en franchement, a statué Julie Bélanger, à qui on doit cette idée originale, mise en images par la boîte Trio Orange (La tour, Refuge Animal, Le temps des framboises). Des interventions d’experts (psychologues, sexologues, thérapeutes…) viennent approfondir les questions. Et qui sait si le résultat ne sauvera pas quelques dollars d’introspection en cabinet à un ou deux téléspectateur.s?
Par exemple, dans l’épisode sur le pardon, Julie Bélanger visite un Cercle de pardon avec le coach humaniste Marquis Bureau, qui lui proposera des exercices de lâcher-prise. L’expérience s’avère intéressante et révélatrice pour une Julie Bélanger habituée de « mâcher son vieux bas » et de rester dans la rancoeur!
Dans cette même demi-heure, on assiste à la très attendue réconciliation entre cette dernière et Mélanie Maynard, à la suite du fossé s’étant creusé entre elles lorsqu’elles animaient ensemble Deux filles le matin, à TVA, de 2005 à 2008 (le reste sera vu à Sucré Salé ce mardi). Une quinzaine d’années plus matures, les deux femmes ont désormais le recul nécessaire pour identifier leurs failles respectives qui s’entrechoquaient et créaient des flammèches lorsqu’elles partageaient l’antenne quotidiennement. Les gros sabots d’une Mélanie rebelle et pas encore diagnostiquée « TDA » effrayaient la « première de classe » qu’était Julie, et les amies du début sont vite devenues rivales. En guise d’offrande de la paix, Julie Bélanger tendra à son ex-collègue une photo d’un spécial de Noël de Deux filles le matin, avec leurs looks… de l’époque. « On a l’air de deux guédailles! », blaguera Mélanie de son franc-parler.
À propos de la dépression, Julie Bélanger revient sur le burn-out qui l’a terrassée alors qu’elle était toujours tout sourire devant la caméra, et qui a été la bougie d’allumage d’Imparfaite. C’était à l’époque où elle copilotait Deux filles le matin, justement. À 33 ans, cette grande perfectionniste au plan de carrière minutieusement calculé a craqué. La grande sœur protectrice a aussi accompagné son frère, Michel Bélanger – qu’elle interviewe à l’écran – dans une sombre période du genre, après qu’il l’eut appelée au secours un soir de détresse. Enfin, José Gaudet, son grand ami et ancien complice à Ça finit bien la semaine, raconte pour une rare fois qu’il subissait angoisse et crises de panique alors qu’il touchait pourtant le sommet de la gloire avec son comparse Mario Tessier, des Grandes Gueules.
De tous ses tête-à-tête, Julie Bélanger qualifie de « joie pure » celui avec Judi Richards, Shirley Théroux et Édith Butler, qui se terminera en chorale sur « Paquetville », et la nouvelle productrice estimait que Maripier Morin avait la légitimité pour s’exprimer sur l’art de rebondir après un écueil. Le témoignage de Geneviève Brouillette sur sa non-maternité est en outre très touchant.
Julie Bélanger mène ses entretiens chez elle, dans sa maison. Parce que « tu peux pas parler de dépression dans un petit café "trendy" au centre-ville », plaide celle qui aspirait depuis longtemps à conduire un tel concept « human », porteur de sens et… « sans "bullshit" [mensonges, NDLR] ». Et qui exigeait une certaine maturité.
« Je n’aurais même pas été capable il y a cinq ans. Je vais avoir 50 ans l’année prochaine. Ça solidifie, tu sais plus tu es qui. C’est tout un plongeon! Je n’ai jamais fait de télé comme ça », a conclu Julie Bélanger.
Les huit épisodes d’Imparfaite, réalisés par Maude Éthier-Boulet, sont disponibles dès aujourd’hui, mardi 23 mai, sur la plateforme Vrai.