La réputation du duo Podz et Claude Legault n'est plus à faire. À la télé, le réalisateur et l'acteur nous ont donné les séries Minuit, le soir et 19-2, considérées comme des classiques indémodables du petit écran (et avec raison!). Ces dernières années, le tandem avait travaillé sur la première saison de la comédie À propos d'Antoine, mais cela faisait un bon moment qu'il n'avait joué dans des zones plus sombres, où les deux hommes ont su prouver être si efficaces.
Voilà qu'ils retrouvent leurs anciens amours avec La collecte, une série sur une facette méconnue de l'univers de la criminalité, soit celle des collecteurs de dettes. On suit Kevin, incarné avec brio par un Charles-Aubey Houde, aussi sensible que menaçant, qui souhaite quitter l'organisation criminelle de son mentor «Santa» (Guy Nadon) lorsqu'il apprend que son amoureuse donnera bientôt naissance à leur premier enfant. S'affranchir de ses activités illicites ne sera pas aussi facile qu'il l'espère.
L'histoire nous transporte sur deux époques : aujourd'hui et alors que Kevin avait 12 ans, quand sa mère, Suzanne (Caroline Néron), l'a envoyé vivre au golf de son oncle Stéphane (Claude Legault). C'est à cette époque qu'il flirtera pour la première fois avec la criminalité, vivant des évènements bouleversants qui le définiront comme individu. La version adolescente de Kevin est interprétée avec justesse par Loïc Oliviera, que plusieurs ont peut-être découvert dans Défense d'entrer. Les autres jeunes comédiens qui l'entourent s'avèrent tout aussi compétents, à commencer par Mathieu Drouin, qui campe, avec aplomb, le rôle de Yannick, le fils du personnage de Claude Legault.
Si les textes robustes des auteurs Ludovic Huot et Charles-Étienne Brassard nous permettent de rester pendus aux lèvres de ces personnages sinistres, la réalisation de Podz donne du caractère à ce récit intimidant. Il ne met pas la pédale douce sur la violence, qui est évidemment monnaie courante pour un collecteur de dettes. Sa caméra souvent statique et ses plans habités engendrent l'émotion. Nous sommes autant captivés qu'effrayés par ses protagonistes dangereux. D'ailleurs, à la fin de certaines scènes marquantes, Podz place ses personnages à la manière d'un portrait de famille classique. Voir ceux-ci fixer la caméra sans âme engendre un formidable malaise chaque fois.
S'il faut un certain temps pour apprécier La collecte à sa juste valeur (dès la moitié du deuxième épisode), une fois qu'on est lancé, impossible de s'arrêter.
Les deux premiers épisodes de La collecte seront disponibles dès le mercredi 23 octobre pour les abonnés d’illico+. Par la suite, deux nouveaux épisodes seront déposés sur la plateforme chaque semaine.