Pour plusieurs, cela peut paraître surprenant : Télé-Québec qui s'engage dans une compétition de rap, mais quand on y réfléchit bien, ce style musical underground permet de mettre de l'avant notre belle langue française, une vocation capitale de la chaîne publique.
Sans dénaturer le mouvement culturel, Télé-Québec veut démocratiser le rap. La fin des faibles (titre inspiré de la compétition de rap « End of The Weak ») met de l'avant de jeunes artistes ambitieux, inspirants et passionnés, provenant de milieux différents. Les 16 candidats sélectionnés par un panel de professionnels du domaine devront se soumettre à différents défis afin d'être choisis par les juges et passer à la ronde finale.
Le jury de La fin des faibles ne manque pas de panache. Koriass, Sarahmée et Souldia endossent leur rôle avec brio. Ils ne tombent jamais dans la flagornerie et promulguent des commentaires constructifs aux participants et participantes. D'ailleurs, s'il y a moins de filles que de garçons dans la compétition, celles-ci s'avèrent de fières et convaincantes ambassadrices du rap au féminin pluriel.
Si le free style représente souvent le talon d'Achille des jeunes rappeurs, il est pourtant un incontournable de cette culture et une discipline fascinante à découvrir en tant que néophyte. Les « impros » que réalisent les participants se révèlent être l'un des moments les plus excitants (et à la fois angoissant : on ne voudrait pas être à leur place) de l'émission. Jongler avec les mots comme ils le font est un art exceptionnel dont on ne peut qu'être admiratif. Si on ne nous fait pas un cours de rap a proprement parlé, on nous informe tout de même sur la signification de certains termes intrinsèques à la culture rap. On aurait quand même aimé un lexique un peu plus complet afin de mieux s'y retrouver dans cette terminologie essentiellement anglophone.
On doit aussi saluer la qualité de la direction photo/réalisation. Télé-Québec a choisi le réalisateur parfait pour relever ce défi colossal : Baz (Laurence Morais Lagacé) a travaillé sur plusieurs vidéoclips de rappeurs, dont Alaclair Ensemble, et baigne dans cet univers depuis longtemps. Comme le mentionne l'animateur Pierre-Yves Lord en conférence de presse, Baz a eu recours à des techniques et du matériel atypiques qu'on utilise rarement dans ce type de production comme des lentilles de cinéma. « Il filmait souvent avec son cellulaire. On a ramené de vieilles caméras pour jouer dans la texture. Moi, je travaille sur plein d'émissions et ces réflexes-là, on ne les voit pas. » Le résultat est épatant, novateur.
La fin des faibles mérite sa place à Télé-Québec et surtout, elle mérite votre considération. Ne manquez pas les deux rendez-vous hebdomadaire, les lundis et les mercredis à 20 h, du 1er au 24 mars.
