Alors que la série Toute la vie arrive à sa conclusion ce mardi, nous avons souhaité nous entretenir avec l'autrice Danielle Trottier, qui est revenue sur ce projet marquant dans sa carrière, couronné de succès autant d'un point de vue critique que populaire.
Pour sa grande finale, l'autrice a ficelé un épilogue lumineux, qui ne manquera pas de faire l'unanimité : « Il y a beaucoup de choses lumineuses qui se sont produites au cours de ces trois saisons-là. Mais je n'ai pas lésiné sur les situations dramatiques, on pense par exemple à Jolène dans la saison 1 qui est victime d'un meurtre. Les drames, en nombre, sont toutefois beaucoup moins nombreux que les choses qui ont bien fonctionné. [...] Il y a plein de personnages pour qui ça s'est bien terminé, malgré les difficultés. [...] Pour moi, au bilan, il y avait plus de filles qui s'en étaient bien sorties que le contraire. C'est ce que je ne voulais pas qu'on oublie. Aussi, Tina et Christophe sont deux personnages créés avec beaucoup de bienveillance. C'est ça que j'ai voulu mettre en lumière. »
Comme on le sait, Danielle Trottier proposera l'automne prochain une série dérivée de Toute la vie, intitulée À coeur battant, dans laquelle on suivra le personnage de Christophe L'Allier, interprété par Roy Dupuis, dans un changement de carrière. L'autrice se dit partagée entre deux émotions : « Je suis en deuil d'une histoire qui se termine, mais aussi en décollage d'une autre qui commence. Ça fait beaucoup d'émotions à vivre en même temps. »
Elle explique la réflexion qui a mené son personnage à faire ce choix : « Il fait un constat important. Le hasard a fait qu'il a appris qu'il a un fils et que ce fils-là étudiait dans la même science humaine que lui. Son fils vient faire un stage : il a la relève rêvée. Pour Christophe, au début de Toute la vie, le sujet de la violence était déjà là. Lui, il était bénévole dans un organisme qui venait en aide aux hommes violents. Je n'ai pas développé ça, car il y avait beaucoup à faire avec les jeunes femmes enceintes, mais c'était déjà là à l'année un. [...] Raphaël va poursuivre dans cette ligne-là. Il va suivre les traces du maître. »
Elle ajoute, à propos de Christophe L'Allier : « Lui, parce qu'il a vécu de la violence familiale, parce qu'il en a même commis de la violence, il se sent outillé à intervenir dans ce milieu-là. Il va se dédier à quelque chose de plus urgent auquel la société fait face, la violence conjugale et intrafamiliale. »
Évidemment, celle-ci n'a que de bons mots pour le comédien Roy Dupuis, qui poursuivra l'aventure avec elle et qui a su rendre le personnage comme il existait sur papier : « Christophe a toujours été un homme que je voulais très différent de nos héros de série. C'est un héros qui allait faire confiance aux autres et qui allait essayer de construire la confiance des autres. C'était un beau risque de mettre Roy Dupuis dans ce rôle-là, alors qu'on l'attend ailleurs. On s'attend de lui à quelque chose de plus physique. [...] Au départ, on avait un beau défi de trouver quelqu'un qui allait incarner ça, tout en douceur et dans une certaine passivité. Le personnage n'allait pas faire les choses à la place des autres. Ça, c'est très difficile pour un acteur d'être dans cette retenue-là. Quand le réalisateur est arrivé avec cette proposition de Roy, il fallait que Roy embarque, accepte ça du personnage. [...] Ce qui a été magistral de la part de Roy, c'est qu'il n'a pas donné Roy Dupuis, il a donné Christophe L'Allier. Ça, c'est extraordinaire! Ç'a donné un match parfait entre un personnage atypique et un comédien de haut niveau. »
Il faut bien avouer que Toute la vie nous a offert, pendant trois ans, des performances marquantes et émouvantes, qui, en plus, faisaient réfléchir. Voilà un parcours qui se termine, ce soir, sur les ondes de Radio-Canada, mais c'est pour mieux en commencer un autre l'automne prochain.