Le Bye Bye est, chaque année, attendu avec impatience par les Québécois. En 2020, l'émission était d'autant plus importante, considérant l'isolement auquel nous sommes tous confrontés. Seul point positif dans tout cela : avec cette pandémie, nous avions des repères similaires, ce qui survient rarement de nos jours. Ainsi, le Bye Bye a profité de nos références communes pour atteindre le plus grand nombre et on peut dire qu'il a réussi à merveille!
La soirée a débuté par une parodie des fameux points de presse du premier ministre. Même si Marc Labrèche avait produit une version hilarante en août dernier, l'équipe du Bye Bye est arrivée à trouver un angle différent, tout aussi délirant. L'idée du « Horacio show » était intéressante. Mention spéciale à Mehdi Bousaidan pour son interprétation habitée du directeur national de la santé publique.
Évidemment, la pandémie et ses revers ont été omniprésents dans cette édition du Bye Bye. Une chanson, interprétée par Pierre-Yves Roy-Desmarais, a lancé de merveilleuse façon les festivités. « Une année délicieuse, mais je goutte pu rien », entonnait-il dans son costume de virus. L'écouvillon, qui a effrayé tant de Québécois, a aussi été bien dépeint dans un petit sketch sympathique sur les tests de dépistage. La finale, qui concernait les conspirationnistes, était irrévérencieuse bien qu'un peu moins réussie.
L'un des meilleurs segments de cette édition 2020 a certainement été ce passage de la famille Bougon sur les plages gaspésiennes pour illustrer les dégâts engendrés par les nombreux touristes dans ce coin de pays cet été. Quel bonheur de retrouver Paul, Rita, Junior et la lubrique Dolorès. C'était tout simplement parfait!
Outre la COVID, notre année a aussi été marquée par une violente vague de dénonciations qui a frappé de plein fouet le milieu artistique. L'affaire Kevin Parent a été traitée avec une formidable impudence. Marc Dupré a surpris sous les traits du chanteur gaspésien. Les autres inconduites sexuelles, dont celle de Maripier Morin envers Safia Nolin, ont été abordées dans un sketch rigolo se déroulant dans un bar. La façon dont on a parlé des écarts d'Alex Nevsky était formidable : « Des fois tu laisses trainer un filet sur une table et les requins se pognent dedans par eux-mêmes. »
Le racisme et le mouvement « Black Lives Matter » n'étaient pas des sujets faciles à aborder, mais l'équipe du Bye Bye l'a fait avec beaucoup de tact et d'humour, d'abord à travers une formation de policiers empotés puis par une parodie d'En audition avec Simon où le réalisateur était victime de racisme inversé.
Soulignons aussi la caricature renversante de Marie-Mai par Sarah-Jeanne Labrosse dans un pastiche acide de l'émission de rénovation de la chanteuse à Canal vie puis celle, troublante de réalisme, de Céline Galipeau par une Guylaine Tremblay au sommet de son art. La parodie d'OD chez nous aura aussi certainement conquis les fans de la téléréalité. Le portait que Stéphane Rousseau a brossé de Jay Du Temple était savoureux. On doit dire aussi que ces serveurs du Barbies resto bar grill qui chantent l'hymne de la chaine de façon dépressive nous a aussi fait pouffer de rire, tout comme la vengeance exceptionnelle de Michel Olivier Girard pour le numéro controversé de l'an dernier.
Il y a certainement eu quelques moments un peu moins fort comme ces « souvenirs de confinement » plutôt quelconques et ce passage sur « Poche Canada », un peu trop prévisible, mais dans l'ensemble, le Bye Bye 2020 nous a presque fait oublier l'année catastrophique que nous avons traversée, ce qui n'est pas peu dire! Bravo à toute l'équipe pour cette édition épatante dont on se souviendra longtemps.
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