On sera sans doute nombreux à se souvenir de la scène qui nous a fait connaître Margot Blondin, nouvelle étoile des Bracelets rouges, interprète de la jeune Margot, arrivée en début de saison à l’hôpital pour soigner un cancer de l’utérus. À la fin du premier épisode, sous l’aide bienveillante de son co-chambreur, Félix (Anthony Therrien), Margot se rasait délicatement les cheveux, histoire de se préparer aux conséquences des traitements de chimiothérapie qui l’attendaient.
Une scène marquante, qui n’avait rien d’un trucage, parce que Margot Blondin a réellement dû sacrifier sa véritable chevelure pour la cause. Et qui fut captée en une seule prise – évidemment, puisqu’il n’y avait aucune deuxième chance possible! – sur un plateau réduit, c’est-à-dire avec le moins de gens possible dans les environs, dans un décor de toute petite salle de bain.
« On laissait rouler la caméra pendant 30 minutes. Le réalisateur nous donnait des indications au fur et à mesure. C’était une scène muette, il allait mettre de la musique par-dessus. Il nous disait, par exemple, de nous regarder. Des fois, c’était plus émotif, et d’autres fois, on riait ensemble. C’était vraiment un beau moment! », relate Margot Blondin en conversation téléphonique avec Showbizz.net.
Margot Blondin a tourné dans Les bracelets rouges d’août à novembre dernier et a vu le premier épisode de l’année bien avant tout le monde. Arrivée en janvier, quand Les bracelets rouges a repris l’antenne à TVA, elle avait un peu « oublié » que les gens la verraient « se décoiffer » en temps réel. L’abondance de messages reçus, d’amis et de membres de sa famille autant que d’inconnus, dans les jours suivant la diffusion, lui a rapidement rafraîchi la mémoire! « Les gens ont été vraiment touchés. Ça m’a un peu étonnée, mais en même temps, c’est vrai que c’est une grosse affaire! »
La série Les bracelets rouges représente l’aboutissement d’un rêve pour Margot Blondin, 23 ans, qui aspirait aux planches depuis l’enfance et meublait ses temps libres avec des cours de théâtre au secondaire. « On dirait que je n’ai jamais imaginé autre chose. »
Elle a trempé le gros orteil dans ce milieu plein de promesses en passant des auditions, en décrochant beaucoup de petits contrats de publicités, de films, de séries, de vidéoclips. Alors qu’elle étudiait à l’UQÀM, d’abord pour un début de baccalauréat en littérature avant la pandémie, puis à l’École supérieure de théâtre, ses amis la taquinaient, parce que sa photo, vedette d’une campagne publicitaire de Consignaction, ornait les abribus autant que les salles de bain de l’université. « Ç’a roulé longtemps. Encore l’an dernier, il y avait ma face dans les toilettes! », rigole la principale intéressée.
Margot Blondin avait un an de complété dans sa formation en jeu quand elle a reçu la proposition d’audition pour Les bracelets rouges. Un potentiel premier grand rôle, dans une série à heure de grande écoute sur une chaîne généraliste. C’était l’été dernier. La jeune artiste était alors autant pleine d’espoir que tout à fait réaliste. « J’essayais de me protéger pendant le processus, parce que je sais que c’est difficile, d’avoir un premier gros rôle quand les gens ne nous connaissent pas encore. »
Elle a bien fait d’y croire, puisqu’allait rapidement suivre un autre engagement dans un film. Et une troisième saison des Bracelets rouges a déjà été confirmée.Tant et si bien que Margot a aujourd’hui choisi de mettre ses études en pause pour une période indéterminée. « Je ne veux pas m’asseoir sur quoi que ce soit, je ne prends rien pour acquis, mais c’est cool, le petit élan que ce rôle-là a pu me donner, et j’ai envie de continuer de travailler dans cette direction. »
Des Bracelets rouges, Margot Blondin ne retient que du bonheur. « J’ai vraiment été chanceuse de vivre ce plateau comme première expérience, parce que tout le monde était tellement gentil et bienveillant! Après chaque jour de tournage, je rentrais chez et moi j’avais l’impression d’avoir appris tellement d’affaires! Encore aujourd’hui, je ressens une sorte d’adrénaline. »
Encore presque une enfant, son personnage, en raison de sa maladie, doit déjà faire le deuil de la maternité (biologique, du moins), en raison de l’hystérectomie (ablation de l’utérus) qu’elle devra subir. « C’est une fille de 15 ans qui ne sait même pas encore vraiment si elle en voudrait, des enfants. La question de la maternité s’impose aussi avec sa mère décédée cinq ans plus tôt du même cancer. »
La Margot nouvellement admise dans le cercle fermé des porteurs de bracelets rouges est « vraiment, vraiment mature pour son âge », souligne celle qui lui prête vie. En plus de porter sa propre croix, la discrète Margot doit aussi veiller à distance sur la quiétude de son papa alcoolique, Vincent (Patrice Godin) et son frère autiste, Henri (Alexandre Nachi). « C’est elle qui console son père et son frère de son cancer à elle. On voit que, depuis toujours, elles s’est fait dire de rester forte et de ne pas pleurer. Elle s’est développé une carapace et c’est sa manière de se protéger. Au fil de la saison, elle laissera percer cette carapace-là. Surtout avec Félix, son coloc de chambre, qui va devenir un bon ami. »
Seulement un ami?, ose-t-on demander. « On verra...(rires) Mais c’est certain que de vivre quelque chose de similaire comme ça, à cet âge, de le partager, d’être proche physiquement dans une chambre, ça développe un lien que tu ne pourrais même pas développer à l’extérieur de ce contexte-là... »
L’avenir s’annonce donc reluisant pour Margot Blondin, qui aimerait un jour allier ses deux passions de l’écriture et du jeu dans sa profession. Allumée par un papa professeur de cinéma, grand mélomane, et une maman infirmière qui peint, chante et fait du théâtre, notre aînée de trois garçons, dont deux demi-frères, et native de Montréal, se laisse inspirer par des femmes passées avant elle qu’elle considère comme des modèles.
« Suzanne Clément, Évelyne Brochu, il y a quelque chose dans leur jeu que je trouve vraiment incarné et naturel. J’aime aussi beaucoup les comédiennes qui réalisent, comme Monia Chokri et et Charlotte Le Bon », complète celle qui a dans l’oeil un je-ne-sais-quoi de sa collègue des Bracelets, Isabelle Blais.