Club Illico plonge dans la vague du documentaire judiciaire avec Meurtriers sur mesure, une série percutante qui s'intéresse à une erreur judiciaire survenue à Val-d'Or dans les années 90. Le résultat, piloté par Izabel Chevrier et Martin Paquette, s'avère fort réussi et accrocheur. Comme téléspectateurs, on se retrouve rapidement happés par cette histoire abracadabrante qui a largement fait les manchettes au Québec. On souhaite comprendre ce qui s'est réellement passé pour que deux hommes, de toute évidence innocents, soient arrêtés et emprisonnés pour un crime qu'ils n'ont pas commis. Le meurtrier court-il toujours? Que s'est-il réellement passé pour que cette jeune femme sans histoire perde ainsi la vie? Les questions sont nombreuses...
Rappelons d'abord les faits. Sandra Gaudet, 14 ans, est assassinée à Val-d'Or. On retrouve son corps dans un boisé, tout près de sa maison. Elle a été violée et étranglée. L'incompréhension, la tristesse et la peur se font sentir partout en ville. Deux suspects sont rapidement ciblés par la police. Ils seront ultérieurement condamnés à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Ceux-ci ont toujours clamé leur innocence et le font encore aujourd'hui, maintenant qu'ils sont hors des murs de la prison. Il aura fallu l'intervention de la Cour suprême pour que Billy Taillefer et Hugues Duguay soient finalement acquittés, en 2006.
Le criminologue Jean-Claude Bernheim s'est plongé pendant des années dans ce cas, truffé d'irrégularités, pour en arriver à la conclusion que le comportement des autorités n'était pas seulement motivé par la recherche de la vérité. La série documentaire, tirée de l'ouvrage publié par Jean-Claude Bernheim, arrive en complément et tente de faire la lumière sur toute l'affaire. Un peu comme c'était le cas de l'excellent Making a Murderer sur Netflix, il restera bien des éléments en suspens à la fin du visionnement.
Pour ce faire, on propose des entrevues avec les parents de la victime, des témoins, des suspects, les deux hommes qui ont été inculpés, des experts et autres. On a droit à des images d'archives autant qu'à des reconstitutions. On s'intéressera notamment à la vision « en tunnel » des policiers qui a mené aux résultats que l'on connaît. Sinon, plusieurs refusent de collaborer, la tâche n'est pas mince pour l'équipe qui se frappe souvent à des murs de silence. Plusieurs années après, la peur règne toujours. Pendant ce temps, les amateurs de série documentaire judiciaire se régaleront de cette nouvelle proposition, produite par Pixcom.
La réalisation est efficace, tout comme le montage. Les émotions s'accumulent; l'incompréhension, l'indignation, la peine, la surprise. Tout est là pour nous captiver, en nous plongeant dans les dédales de cette enquête bâclée. La série qui fait oeuvre utile sans toutefois démasquer les coupables comprend 7 épisodes de 45 minutes, tous disponibles dès maintenant sur Club Illico. Il est fort pertinent de s'y intéresser, si ce n'est que pour connaître ce pan de notre histoire judiciaire québécoise. Le visionnement en rafale peut difficilement être évité.