Nuit blanche devait d'abord être une série annuelle (anciennement appelée téléroman), mais comme Radio-Canada a renouvelé toutes ses productions de ce type, elle est passée de 24 à 12 épisodes. Il ne faut qu'un coup d'oeil pour constater que beaucoup de temps, d'argent et de talent ont été injectés dans ce projet de Pixcom. La reconstitution historique est épatante, la réalisation de Sébastien Gagné enveloppante, et la distribution sur deux époques, irréprochable.
Dans Nuit blanche, on suit l'histoire de Louise, d'abord dans les années 70 alors qu'elle est maman d'une petite fille, enceinte de son deuxième enfant, et qu'elle fréquente un jeune activiste impliqué dans les activités du FLQ, puis de nos jours, alors qu'elle est devenue une femme d'affaires accomplie. Le soir d'une réception organisée en son honneur, elle est retrouvée morte par sa petite-fille. Meurtre ou accident? C'est ce que le téléspectateur découvrira au fil des épisodes. Attention par contre, on nous dit que cette intrigue ne sera pas complètement bouclée à la fin de la première saison. Il faudra voir la suite (actuellement en écriture) pour tout découvrir sur les circonstances entourant le décès de Louise.
France Castel s'avère particulièrement rayonnante dans le rôle de cette meneuse inspirante. Il fait bon de voir des acteurs septuagénaires à l'avant-plan. L'actrice se bat d'ailleurs pour une meilleure représentativité des aînés dans nos écrans et on ne pourrait être plus emballés par cette perspective. À ses côtés, on retrouve Valérie Blais, Marilyse Bourke et Jean-Philippe Perras, qui incarnent ses enfants. Les trois acteurs forment une cellule familiale crédible, avec beaucoup de potentiel. Dans le segment réservé aux années 70, c'est l'habitée Rose-Marie Perreault qui interprète la protagoniste. Elle est accompagnée par Simon Pigeon et Antoine Pilon, qui font des activistes rebelles vraisemblables.
Nuit Blanche flirte autant avec la saga familiale, le polar, l'histoire d'amour et le drame d'époque. L'autrice Julie Hivon a habilement amalgamé les différents genres pour que le tout reste homogène et harmonieux. S'il y a parfois dans son écriture un manque de subtilité regrettable, elle arrive tout de même à nous tenir en haleine et nous amène à nous attacher à ses personnages pluridimensionnels. La caméra grandiloquente de Sébastien Gagné transporte la série à un autre niveau. Certains de ses plans dynamiques nous rappellent le cinéma (dont ce magnifique plan-séquence lors de la réception) et allèguent à l'ensemble une ampleur et une somptuosité profitables.
Même si nous n'avons vu que deux épisodes, on peut déjà prédire un beau succès pour Nuit blanche à ICI Télé, qui saura charmer les téléspectateurs par son mélange des genres réussi et la qualité de ses interprètes.