Depuis le début de cette troisième saison de Plan B, nous nous demandions s'il y avait une issue possible pour le personnage de Mylène. Celle-ci, jouée par Anne-Élisabeth Bossé, retournait constamment dans le passé pour tenter d'intervenir dans une situation dramatique de violence conjugale. Mais elle n'en tenait pas les ficelles... Difficile alors d'influencer le comportement des autres, aussi destructeur soit-il.
Cette troisième saison s'est avérée particulièrement percutante et dans l'air du temps pour cette raison. Contrairement aux deux premières saisons - que nous vous conseillons vraiment si vous n'en avez pas encore fait l'écoute - le personnage principal de cette histoire retournait dans le passé pour le bien d'autrui et non pour son propre bien. De nombreuses fois, nous avons assisté à des conséquences graves à cette trajectoire inversée. Mylène en voulait aux hommes et à elle-même. Tenter de sauver l'humanité semblait un bon moyen d'assourdir ses propres démons. Mais où cela pouvait-il mener? Le monde étant ce qu'il est, les drames sont quotidiens et nombreux.
Alors que les conclusions des deux premières saisons étaient particulièrement troublantes, celle-ci nous a surpris en allant là où l'on ne n'attendait pas et en s'avérant finalement réconfortante. Lors d'un de ses retours dans le passé, Mylène a réussi à garder l'enfant qu'elle avait perdu dans son cheminement initial. Ainsi, si elle utilisait à nouveau l'agence Plan B, elle comprenait les risques qu'elle courait de ne plus avoir cet enfant. Pour cette raison, elle a choisi la thérapie, pour revenir aux sources de ses blessures d'enfance et enfin essayer d'avoir une emprise sur ce qu'elle pouvait vraiment contrôler. De ce fait, elle a accepté de remettre dans les mains du principal intéressé, Bruno (Vincent Leclerc), la responsabilité de ses actes violents et la deuxième chance de se prendre en main, pour vrai cette fois. En abandonnant son emprise sur l'histoire des autres, Mylène a pris le contrôle de son propre destin et accepté le décès de sa mère.
Cette saison fut marquante à plusieurs égards, mais notamment en raison des performances des actrices et acteurs. Dans le rôle principal, Anne-Élisabeth Bossé a trouvé son meilleur rôle en carrière, naviguant avec grâce, beauté et talent dans toutes les émotions qu'on lui demandait de communiquer. On la retrouvera assurément dans les prochaines cérémonies de remises de prix. Même chose pour Vincent Leclerc, dont le rôle d'homme violent était particulièrement complexe. Fidèle à ses habitudes, le comédien y a ajouté toutes les nuances possibles, rendant ce personnage à la fois troublant et émouvant. À ses côtés, Mélanie Pilon avait le bon ton pour rendre avec authenticité le quotidien d'une femme victime de violence psychologique, tiraillée entre son envie de partir et sa culpabilité. Enfin, mention spéciale à Patrick Emmanuel Abellard, qui s'est démarqué avec justesse, voire tendresse, dans le rôle secondaire du coéquipier policier. Il serait bien qu'on donne plus de temps d'antenne à ce comédien de grand talent.
Voilà donc que cette aventure télévisuelle se termine, à notre grand désarroi, mais en point d'orgue avec une finale parfaite, touchante, inspirante et lumineuse. Merci à toute l'équipe qui nous a livré ce petit bijou!
Heureusement, une quatrième saison devrait voir le jour bientôt. Parce qu'on ne saurait maintenant se passer de Plan B!
