Quelle bonne idée que de ramener Les choristes pour la période des fêtes! À l’instar de La mélodie du bonheur – et peut-être même encore davantage –, le spectacle musical mis en scène par Serge Denoncourt enveloppe comme une bouffée de fraîcheur et possède les ingrédients magiques pour ravir toute la famille. À nous donner envie de pousser la note!
Serge Denoncourt a déjà prouvé qu’il a la touche unique pour diriger des collectifs avec des enfants, lui qui a déjà pris sous son aile de jeunes Roms de la Serbie dans GRUBB – The Musical et qui, plus tôt cette année, nous envoûtait de charme avec la taquine Annie. Les choristes avait déjà enchanté les spectateurs québécois en 2018 et 2019, avec alors plus de 70 000 billets écoulés.
Dans Les choristes (adaptation de Serge Denoncourt et Maryse Warda du film franco-suisse du même titre de Christophe Barratier de 2004, lui-même inspiré du classique La Cage aux rossignols), ce sont de jeunes garçons malicieux qui, en Beauce, en 1949, se laissent apprivoiser par Clément Mathieu (François L’Écuyer, qui incarne le parfait mélange de prestance et de candeur seyant bien à son personnage). Le bougre, « musicien raté », d’ordinaire malchanceux, fait son entrée comme maître d’école à l’internat Fond de l’Étang, sans trop d’attentes de se faire respecter.
Les turbulents petits bonhommes de sa classe (dont l’un est interprété par Sacha Bolduc, dont vous connaissez bien les parents…) ont plus d’un tour dans leur sac, ne sont pas sages comme des images et n’ont pas la langue dans leur poche… et ils en subissent les contrecoups de la poigne de leur sévère directeur, Monsieur Rachin (Henri Chassé). D’abord rebuté par le comportement de ses nouveaux protégés, Clément Mathieu finira par déceler chez eux un potentiel pour le chant et gagnera leur confiance en composant une chorale. La scène où il teste les voix des gamins à tour de rôle est particulièrement amusante.
Au gré des tableaux, les petites voix qui faussent deviendront plus assumées, et l’attitude des marmots, plus mature. L’initiative de la chorale plaira beaucoup aux collègues de Mathieu, dont le très enthousiaste Professeur Langlois (Michel-Olivier Girard)… mais déplaira souverainement au rabat-joie directeur Rachin. Une nécessité de sauver le pensionnat de la faillite et un coup de foudre de Clément Mathieu pour Violette Morhange (Louise Cardinal), la mère d’un élève difficile, complètent le récit au niveau de lecture très agréable, dont la finale ne verse peut-être pas dans la guimauve comme on pourrait s’y attendre, mais demeure lumineuse.
Qu’est-ce qui crée le bonheur des Choristes? La pièce est drôle. Son propos bon enfant touche le coeur et attendrit sans devenir mièvre pour autant. Les préadolescents en vedette (de jeunes talents encore inconnus du grand public, sélectionnés parmi les voix des Petits Chanteurs du Mont-Royal et des Petits Chanteurs de Laval) sont attachants et leur répartie fait sourire, voire s’esclaffer le public, presque à tout coup.
Les choristes, avec son histoire accessible, son décor tout simple rappelant le passé scolaire de toute une province et son humour bien de chez nous (l’adaptation québécoise est très réussie), n’a rien d’onirique ou de pompeux comme peuvent l’être certaines comédies musicales. Ici, pas de présomptions de grandiloquence; on est dans une bienfaisante simplicité. Musicalement, ce sont les notes de nos petits choristes qui se juxtaposent aux trames préenregistrées et, encore là, on ne verse jamais dans la surenchère. Fait rare pour ce genre de production, même la longueur du spectacle est convenable, l’ensemble filant rapidement en moins de deux heures, sans entracte. Et sans temps morts!
Les choristes, une production de Juste pour rire, tient l’affiche du Monument-National jusqu’au 19 janvier. Voyez ici toutes nos photos du tapis rouge, qui fut la dernière sortie culturelle de plusieurs artistes en 2022. Et voyez plus bas notre galerie d’images du spectacle sur scène.