C’est Noël pour encore quelques jours à la Maison symphonique, qui s’est endimanchée de ses plus féériques guirlandes, couronnes et sapins bardés de rubans rouges pour accueillir le très joli concert de circonstance Parapapam. Maestro Alexandre Da Costa et l’Orchestre Symphonique de Longueuil, Roch Voisine et Guylaine Tanguay envoûtent en revisitant les classiques de la période, du « Sentier de neige » à « Happy Xmas (War is Over) ». Et ce, même si le père Noël a terminé sa tournée de cadeaux et rangé son traîneau pour 2022!
Il y a les spectacles de Noël de type pot-pourris de morceaux populaires (Noël, une tradition en chanson excelle dans ce créneau) ou les fresques façon comédie musicale à la Décembre, de Québec Issime. Le faste de la Maison symphonique, lui, confère un caractère solennel à tous accords s’élevant entre ses lattes boisées, et c’est cette majestuosité qu’on retient de Parapapam.
Entre paillettes et poudrée de clinquant sans excès, Parapapam, c’est le rendez-vous de Noël des grands soirs, avec robes de bal scintillantes, tuxedos tout aussi brillants et ces pièces qu’on fredonne sans arrêt au dernier mois de l’année, enveloppées d’un écrin de velours et de délicatesse. Il est soigneusement choisi pour évoquer joie, paix, amour et douceur, ce répertoire en français et en anglais dont on prend grand soin pour le glorifier encore davantage en relecture symphonique dans ce cocon éphémère qui sent bon la neige et le gui : « Joy to the World », « Rockin’ Around the Christmas Tree », « La plus belle nuit du monde », « It’s The Most Wonderful Time of the Year »… Ici, pas de rigodons, surtout une mélancolie bienfaisante en ce temps de réjouissances et de bilans.
Sont à l’honneur la cinquantaine de musiciens de l’Orchestre Symphonique de Longueuil et leur chef Da Costa – alerte comme une puce sur les planches, qui danse, voire vole, en dirigeant ses ouailles, qui aime les projecteurs et que les projecteurs aiment en retour –, les Petits Chanteurs du Mont-Royal sous la direction de Frédéric Vogel, les voix réputées de Guylaine Tanguay et Roch Voisine, la soprano Giorgia Fumanti et le baryton géorgien émérite Vladimir Korneev. Ce dernier a joué pour la première fois au Canada en mars dernier, justement avec Alexandre Da Costa et son ensemble longueuillois, et a enregistré un duo avec Ginette Reno pour le prochain album de la chanteuse à paraître en 2023.
Vladimir Korneev, débarqué spécialement d’Allemagne à l’occasion de Parapapam, coupe le souffle à l’ultime tournant de « Minuit, Chrétiens » avec une envolée a capella capable de pétrifier n’importe quel public. Plus tôt, Giorgia Fumanti insuffle grâce et profondeur à « Amazing Grace » et à l’« Ave Maria », et tous deux communient avec grandeur sur « The Prayer ». Une touche d’opéra seyant à merveille à l’environnement Parapapam.
Jusqu’à 175 âmes interprètent au coude-à-coude, dont 125 choristes juchés au jubé, les archets de l’orchestre vont et viennent frénétiquement à l’unisson, les pages de partitions de la chorale se tournent à une même cadence parfaitement synchronisée : des décorations à la gestuelle finement étudiée, Parapapam étincelle dans tous ses recoins.
La vedette est toutefois volée par l’adorable Mattenzo Da Costa, 8 ans (digne fils de papa, oui), qui, peu avant l’entracte, entonne, habit de suède au dos et nœud papillon au cou, un « Enfant au tambour » à faire ramollir les coeurs les plus aigris. Le garçonnet mignon est bien sûr reçu avec un murmure d’attendrissement de la foule.
Guylaine Tanguay, qui a jadis réchauffé les parterres des salles de Roch Voisine à son début de carrière, étale un registre vocal généreux, de « Noël c’est l’amour » à « All I Want for Christmas Is You ». Alors que son mentor captive l’assistance avec un récit de jeunesse – sa première prestation en public à la messe de minuit de l’église de Saint-Basile au Nouveau-Brunswick, à sept ans! –, puis profite d’un moment tout à lui tissé d’un « Premier sapin blanc », de « Please Come Home for Christmas » et de « Sainte Nuit ».
Un collage dédié aux enfants du monde, un clin d’oeil à Casse-Noisette et une Adeste Fideles arrangée par un collaborateur vivant à Kiev, en Ukraine, respirant une nostalgie des temps meilleurs, viennent compléter les tableaux de ce Parapapam, qui étire la magie de Noël jusqu’à l’aube de la nouvelle année, histoire de lancer celle-ci dans la poésie.
Le concert Parapapam est encore présenté à la Maison symphonique de Montréal jusqu’au vendredi 30 décembre, avec double représentation (14 h 30 et 19 h 30) le 30 décembre. Placedesarts.com pour informations.